Rugby – L’Angleterre règne sur le rugby féminin : une décennie de choix stratégiques payants
L’Angleterre vient de conclure une séquence historique : championnes du monde, six Tournois des Six Nations consécutifs, la WXV et une série record de 33 victoires d’affilée. Les Red Roses dominent aujourd’hui le rugby féminin mondial. Pourtant, il y a à peine sept ans, rien ne laissait présager une telle hégémonie.
D’un statut de grande nation à celui de référence mondiale
En 2018, l’Angleterre n’avait remporté qu’un seul des six derniers Tournois des Six Nations et venait de perdre six de ses sept confrontations contre la Nouvelle-Zélande, dont la finale de la Coupe du monde 2017. Même des nations comme la France, l’Irlande, le Canada ou le Pays de Galles s’imposaient face aux Anglaises. Les Red Roses étaient redoutées, mais loin d’être imbattables.
Deux décisions décisives
Le tournant a eu lieu en coulisses, grâce à deux mesures structurantes :
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2016 : lancement du championnat domestique Premier 15s, doté de 2,4 millions de livres et exigeant des standards élevés (coaching professionnel, suivi médical et scientifique).
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2018 : contrats professionnels à temps plein pour 28 joueuses internationales, permettant de se consacrer exclusivement au XV, sans cumuler emploi et rugby.
Selon Deborah Griffin, présidente de la RFU et pionnière du rugby féminin : « La ligue a transformé le niveau de performance. Aujourd’hui, entrer en équipe d’Angleterre n’est plus un saut dans l’inconnu. »
Une profondeur et une régularité inédites
Ces investissements ont rapidement porté leurs fruits. Dès 2019, l’Angleterre regagnait le Tournoi et n’a presque plus connu la défaite depuis (2 revers seulement en 73 matchs). La Premier 15s, devenue PWR, attire désormais des joueuses du monde entier et est considérée comme le championnat féminin le plus compétitif au monde.
Des coûts élevés, mais un pari gagnant
Le rugby féminin reste déficitaire : les clubs de PWR perdent des centaines de milliers d'euros chaque année et la RFU ne prévoit pas de rentabilité avant 2030. Pourtant, l’implication des sponsors, menés par O2, a permis de franchir ce cap financier. Leur soutien s’est avéré déterminant pour la structuration du rugby féminin en Angleterre.
Une vitrine mondiale
Grâce à ces choix stratégiques, les Red Roses sont devenues un symbole de réussite sportive et un produit attractif pour les sponsors. Leur victoire en Coupe du monde contre le Canada a rassemblé un stade plein à Londres et confirme que la vision de long terme de la RFU paie aujourd’hui.
L’Angleterre n’est plus seulement une puissance du rugby féminin : elle en est désormais le modèle.
